Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

346 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Luckner et ce dernier par M. d'Estaing. Ce dernier a-t-il fait oublier la journée de Versailles et ses lettres? Ces combinaisons n’annoncent pas de rapides progrès. Le ministre est patriote : est-il clairvoyant? Les ordres paraissent avoir été assez mal donnés : il y a eu peu de concert entre les ministres et les généraux. Il y a des gens payés pour crier à la trahison; les défiances empécheront tout succès, jusqu’à ce que l’armée soit purgée.

Plusieurs curés du département viennent de se rétracter. La guerre, les canons d'Autriche et de Rome leur font peur ; peut-être plus que tout cela, le système trop développé de l’Assemblée nationale.

.… M. Levacher vient d'imprimer un précis historique des causes qui ont donné lieu aux troubles du département de l'Eure. C’est sa justification : on dit que le département sollicite une amnistie; il ne saît autrement terminer ses inquisitions vexatoires et inutiles.

P.-S. Toujours des efforts contre la liberté de la presse : tout le monde commence à regarder Robespierre sous son véritable aspect : un mauvais cerveau.

CCXVI. — Au même. Bernay, le 9 mai 1702.

Mon frère, six bataillons de gardes nationales passent successivement par Bernay et vont aux frontières. Un bataillon de Bretons était hier ici et a recherché les armoiries. Il a arraché quelques débris qui étaient encore à l’autel de Sainte Croix, et à l'aigle ou lutrin. Il manqua de s'élever une querelle à la maison commune sur laquelle se trouve encore le lion de gueules{r1). Les volontaires bretons voulaient l'enlever : les sentinelles ne voulurent pas et menacèrent de faire feu. L'on disputa longtemps; les gardes nationales de Bernay convenaient

(1) Armoiries de la ville de Bernay.