Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (6 MAI 1792) 345
La société nationale de M. de Condorcet sera composée de mandarins qui porteront loin leurs prétentions (1). Les fêtes civiques substituées aux fêtes religieuses sont une imagination séduisante pour le philosophe, mais le peuple n’y trouvera rien de bien moral, de bien touchant, de bien instructif, du moins après les premières représentations. Les banquets fraternels ne dureront pas longtemps et se réduiront bien vite au pain bénit, si l’on veut même conserver cette trace. Parmi nos beaux esprits, il doit exister des poètes et des musiciens qui fourniront des cantiques à la liberté, à la patrie, qu'on ne chantera pas aussi longtemps que les psaumes de David, dont le peuple ne s’est pas ennuyé, quoiqu'il n'y entende rien.
Veillez sur votre santé avec plus de soin que vous n'avez fait, Nous attendons de meilleures nouvelles, où nos soldats deviendront plus braves et plus sages, où nos chefs seront plus patriotes, où l’Assemblée nationale réparera leurs sottises.
CCXV. — Au même. Bernay, le 6 mai 1792
Mon frère, la cour veut donner le plan des expéditions; elle prend une grande comptabilité. Si l'ennemi est bien instruit des opérations.., qui l’aura instruit?
[Il revient sur l'affaire de Biron, et félicite l’Assemblée de sa loi du 4 mai 1702 sur les prisonniers de guerre; puis il jette un coup d’œil sur les autres opérations militaires.]
Custine est un fou, mais il est brave : il est honnête homme, il fera une crânerie et non une trahison. On rappelle M. de Rochambeau, on le remplace par M. de
(1) Condorcet avait donné lecture à l’Assemblée, le 21 avril, de son célèbre rapport sur l'instruction publique.