Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

348 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

de la société mère et des sociétés affiliées, mais l'esprit public ne se formera jamais en France sans le secours de ces sociétés. L’aristocratie des riches est aussi impérieuse, aussi ignorante, aussi vexatoire que celle des nobles. On gagnerait peu à substituer l’une à l’autre. Néanmoins, il est difficile que les riches n'aient pas la principale influence.

Je vais faire des prêtres, c'est mon dernier effort, il me restera, après cela, peu de ressources.

Faites un beau plan d'éducation, hâtez-vous de l'exécuter, ou l'ignorance gagnera comme une gangrène, ou vous direz : «Brälons tous Les livres, hors la Constitution; ce livre doit suffire.»

La guerre fait tourner la cervelle à un grand nombre de curés. Les anciens assermentés tremblent et méditent des projets de rétractation. Les nouveaux craignent de payer les frais de la guerre, si l’on est battu, et d’être comptés comme une conquête, si l’on est vainqueur. Quelque échec un peu considérable deviendrait aisément une occasion de défection.

On m'annonce ‘la promotion de M. de Narbonne à l’archevêché de Pise; s’il gouverne cette église, nous n'irons pas y tenir un concile pour faire accepter cette nouvelle pragmatique.

_CCXVIII. — Au même. Bernay, le 18 mai 1792.

Mon frère, je viens d’ordonner vingt prêtres. MM. de Calvados sont toujours aux aguets de mes ordinations et ont une pépinière inépuisable. Il est vrai que ces messieurs en ramassent de toutes les extrémités du monde. Ils avaient amené de Bayeux un homme qui, il y a trois semaines, était comédien à Bayeux : il était de Perpignan. J'ai dit que je croyais qu’un comédien pouvait être actuellement un bon citoyen, mais que je ne croyais