Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (18 MAI 1792) 349

pas qu'il pût être actuellement un bon prêtre, surtout dans le lieu où il a développé ses talents. Si j'étais à l'Assemblée, vous me répondriez une malice; je n’y suis pas.

Messieurs nos gardes nationales ne veulent pas se trouver à la plantation de l'arbre de la liberté, que veulent faire ce soir les volontaires du bataïllon du département de l'Aisne, qui passe par ici en filant vers la Bretagne, d’où d’autres bataillons remontent vers l'Aisne.

Toutes ces troupes de volontaires marquent du patriotisme et peu de subordination.

.… La défiance est un mal incurable dans nos armées, et cela contrariera toutes les opérations. On doit bien regretter que l’Assemblée constituante n'ait pas adopté la grande mesure de Mirabeau : casser et recréer l’armée nous eût évité bien des craintes par ces derniers temps.

Les divisions de l’Assemblée nationale autorisent chaque parti à se prétendre patriote.

[Il raconte ensuite la querelle survenue entre les gardes nationales de Bernay, qui voulaient empêcher les volontaires de l'Aisne de planter leur arbre de la liberté. Les sabres ont été tirés, mais la paix a été faite grâce à MM. Des Noës et Beautier. Les soldats avaient bu un peu et M. de Marsenne avait largement diîné.]|

Les gardes nationales de Bernay se trouvent humiliées de ce qu'on les a exposées à être prévenues par ces passants, parce qu'on ne les a pas averties de cette cérémonie; et elles n’avaient pas digéré qu’on les eût exposées à une querelle un peu chaude, la semaine dernière, pour les armoiries non enlevées.

Ces querelles ont leurs dangers; elles refroidissent quelques citoyens pacifiques.

Les désertions et les démissions des officiers sont des trahisons ou des lâchetés qui méritent une note d’infamie. Cependant je crois que, pour épurer l’armée, il faut encore bien des désertions et des démissions. Et à quel point compter sur les troupes étrangères? Paris est inquiet de