Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

xx:1 INTRODUCTION.

lui et l'Empereur ont résolu de jeter chacun cinquante mille hommes sur la frontière française. Le représentant de l'Angleterre répond que la Grande-Bretagne gardera la neutralité, à moins que l’on ne porte atteinte à la constitution des Pays-Bas.

Le 10 février 1792, lord Grenville avait dit au comte de Front : « C’est l'Angleterre qui a fait stipuler au « traité d’Utrecht que les Pays-Bas ne puissent jamais « sortir de la maison d'Autriche, pour opposer une « barrière puissante aux vues de la France sur la « Hollande. C’est l'Angleterre qui, dans le même but, « a travaillé à Reichenbach à les conserver à la mai« son d'Autriche. » Et plus tard : « C’est le chaînon « qui lie l'Angleterre au continent et le nœud de nos « liaisons avec la cour de Vienne et de Russie; il « serait rompu si les Pays-Bas appartenaient à la « France. »

Les vues de Talleyrand étaient donc justes quand il affirmait dans cette Correspondance que l'Angleterre voulait la paix, que la nation anglaise, favorable en principe à la révolution, ne se mettrait en mouvement qu’en cas d'attaque contre la Hollande. Ce n’est qu'à dater de nos conquêtes aux Pays-Bas que les dispositions du peuple anglais se modifient profondément. C’est toujours la question de l'ouverture de l’Escaut qui devait entraîner l'Angleterre dans la coalition. La Convention venait de donner l’ordre à ses généraux de favoriser cette ouverture ; elle avait fait plus : cédant à cet esprit de propagandisme contre lequel Talleyrand