Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

XXX INTRODUCTION.

fut amer, si l'on en juge par une lettre que madame de Staël lui écrivit en 1809 et dont Poriginal est au British Museum de Londres .

rilé à prédire ce qui arrivera. Mais le peu de véritables citoyens et d'hommes éclairés qu’il y a dans la tourbe de l’Assemblée nationale fera bien de gagner le grand procès de la Révolution ou de filer en Amérique. Les vengeances de la jugerie n'auront ni terme ni mesure... » — (Voir Leltres au major Mauvillon, page 465.)

! Madame de Staël à Talleyrand. Genève, ce 28 février 1809 :

« Vous serez étonné de revoir une écriture dont vous avez perdu le souvenir : à la distance où nous sommes, il me semble que je m'adresse à vous comme d’un autre monde, et ma vie a tellement changé que je puis aisément me faire cette illusion. — J'ai dit à mon fils d'aller vous trouver et de vous demander franchement et simplement de vous intéresser à la liquidation des deux millions qui sont plus que la moitié de notre fortune et de l'héritage de mes enfants. C’est une douleur cruelle pour moi de penser que je nuis à ma famille, qu’ils seraient payés si demain je n’existais plus, car le dépôt qu’ils céclament a un caractère si sacré, que les préventions de l'Empereur contre moi peuvent seules l'empêcher de statuer sur cette dette, et cependant il me semble qu'aux yeux de l'Europe, si Europe il y a pour moi, l'exil paraîtrait moins cruel si l'on se montrait juste envers la fortune.

« J'en ai assez dit sur ce sujet, à vous qui devinez tout; vous m'écriviez il y a quatorze ans : Si je resle encore un an ici, j'y meurs. J'en pourrais dire autant du séjour à l'étranger; j'y succombe; mais le temps de la pitié est passé, la nécessité à pris sa place. Voyez cependant si vous pouvez rendre service à mes enfants; si vous le pouvez, je le crois, vous Le ferez. Je n'ai aucun moyen de vaincre les préventions de l'Empereur contre moi; s’il ne croit pas que sept ans d’exil sont un siècle pour la pensée, s’il ne croit pas que je suis une autre personne ou que du moins la moitié de ma vie est éteinte, et que le repos et la patrie me paraîtraient les champs Élysées, quel moyen ai-je de l’éclairer à mon égard? Aussi me suis-je résolue, si mes enfants ne sont pas exemplés de mon malheur, à faire partir le premier ce printemps pour l'Amérique et à suivre avec les deux autres l'année suivante; il me faut une patrie pour mes fils, et vous voyez s’il en est une en Europe pour qui n'a pas l'appui de l'Empereur. À New-York, je demanderai où vous avez logé.