Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LORD LANSDOWNE. 427

qui parle-t-on ? — De lois communes, de statuts, de jugements des cours anglaises. Les hommes de loi n’ont pas un livre dans leur bibliothèque qui ne soit composé et imprimé en Angleterre. Certes, si de tels hommes ne sont pas totalement Anglais, il faut renoncer à reconnaître l'influence des lois sur les hommes et nier les modifications qu'ils reçoivent de tout ce qui les entoure. C’est vainement que les mots de république et de monarchie semblent placer entre les deux gouvernements des distinctions que rien ne peut confondre. Il est clair, pour tout homme qui va au fond des idées, que, dans la Constitution représentative de l'Angleterre, il y a de la république comme il y a de la monarchie dans le pouvoir exécutif des Américains. Cela sera vrai surtout aussi longtemps que durera la présidence du général de Washington. La force d’opinion qui s'attache à sa personne et qui s'accroît chaque jour, représente fidèlement l'espèce de pouvoir magique que les publicistes attribuent aux monarchies, pouvoir qui, dans l'instant actuel, ne croît pas aussi constamment que la popularité du général Washington.

La partie de la nation américaine qui serait appelée à recevoir le moins de préjugés, les hommes riches et instruits du pays, ceux qui ont été les moteurs de la révolution, qui pour la soutenir ont animé le peuple contre les Anglais, et qui en souflant cette haine auraient pu s'en pénétrer, ceux-là mêmes sont insensiblement ramenés vers l'Angleterre par différents motifs. Plusieurs ont été élevés en Europe; et à cette époque,