Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.
430 LETTRES DE TALLEYRAND jacobinisme qu’il a apporté le premier dans les ÉtatsUnis. Dès lors aussi, les chefs du gouvernement américain ont commencé à se méfier de la fraternité des Français et à craindre des embüches funestes jusque dans leurs présents.
Ces mêmes hommes, qui avaient à combattre dans leur sein un parti ennemi de la Constitution, et qui puisaient dans les exemples de l'Angleterre et dans les livres qui ont le plus loué sa Constitution, une partie de leurs arguments contre les antifédéralistes, ces
mêmes hommes, tout en applaudissant aux premiers
convoi de la Chesapeak, dit que les agents de la République aux États-Unis avaient tenté de livrer ce convoi à l'Angleterre.
« C'était le temps où la tyrannie sévissait en France avec le plus de fureur, et de semblables dénonciations étaient de véritables arrêts de mort.
« Le rapport de Robespierre fut connu, en Amérique, à peu près à l’époque où le successeur du citoyen Genêt y arriva. Ce successeur avait ordre de le faire arrêter et de le renvoyer en France. Son extradition fut itérativement demandée à Washington, qui répondit que, sur ce point, ses pouvoirs étaient douteux.
« Dans un tel état de choses, le citoyen Genêt crut, et sans doute avec raison, que revenir en France, c'était aller à l'échafaud. Il prit le parti d'attendre, dans les États-Unis, un temps plus heureux.
« Il est resté constamment attaché au petit nombre d'Américains qui regardent la cause française comme celle de leur propre liberté.
« Il a épousé la fille du gouverneur Clinton, l'homme de l'Amérique qui aime le plus la France, qui hait le plus l'Angleterre et qui réunit au plus haut degré les vertus publiques et privées.
« Il n’a jamais cessé de se considérer comme Français. Pouvant se faire naturaliser dans les États-Unis, où il est devenu époux et père, il ne l’a point voulu. Enfin, il a rendu, autant qu'il l'a pu, son séjour en ce pays utile aux intérêts de la France.
« Tels sont les faits dont s'appuie le citoyen Genêt, et tous ces faits