Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

26 MISSION DE TALLEYRAND

Il à cru faire d’une pierre deux coups en nommant à une ambassade un homme qui, sous Pancien régime, n’y eût pas prétendu, et en la donnant en même temps à un homme qui n’a pas voulu servir la révolution. Ces finesses-là sont plus dangereuses qu’on ne pense, mais c’est pour le finassier. Les autres changements insignifiants dans le corps diplomatique sont une bêtise de plus qui n’a pas besoin d'explication.

Vous me demandez où je me déciderai à aller, si je me ferai donner une division à part, et de quel côté je la choisirais. Croyez-vous véritablement qu’il dépende de moi de choisir? eroyez-vous même qu'il dépende de Narbonne de choisir pour moi? Je pense qu'il y à un assez bon moyen de m'empêcher d’être lieutenant général, et le voici : Le décret dit que les places de lieutenants généraux seront données moitié à l'ancienneté, moitié au choix du Roi. Je suis le cinquième. Mes quatre anciens seront nommés à l'ancienneté, quatre autres au choix du Roi, et dans toutes les suppositions possibles, je serai rejeté à une vacance éloignée. Je ne pourrai pas me plaindre ni être employé que comme maréchal de camp : savoir maintenant dans quelle armée. Vous savez bien que je ne servirai pas dans l'armée de M. de Lafayette : je ne veux pas plus de sa gloire que de ses sottises; je ne peux honnêtement quitter M. de Rochambeau pour aller remplir les mêmes fonctions dans l’armée de M. de Luckner, que je ne connais pas. Je n’ai pu consentir à servir ici que

parce que je croyais y être utile; car il n'en peut ré-