Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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sulter pour moi que perte d'argent, de temps et de santé. Je suis convaincu que l’armée de M. de Rochambeau sera purement d'observation et n'aura rien à faire. Je me bornerai donc à demander la liberté d'aller en Corse, où depuis bien longtemps est ma place. Jai voulu vous dire tout cela avant d’avoir vu Narbonne, parce que je désire que vous sachiez que je suis parfaitement convaincu que Narbonne veut être bien pour moi et qu'il fera de bon cœur tout ce qui dépendra de lui, et que si les circonstances me traifaient mal, je ne lui en saurais assurément pas mauvais gré et je ne penserais pas qu'il y eût eu de sa faute.

Jai été hier à Douai, où l’arrivée d'environ deux cents patriotes brabançons a tourné la tête de frayeur à tous les corps administratifs; en conséquence, réquisition sur réquisition; ils tenaient la garnison continuellement sous les armes et la crevaient de fatigue. Je les ai un peu rassurés; j'ai, pour les satisfaire, augmenté la garnison de quelques troupes à cheval et dispersé les Brabançons dans les villages voisins, ce dont ils ont été fort contents, car ils étaient au moment

être reconduits à la frontière, ce qui eût été la plus barbare de toutes les bétises. Il y a là un petit M. de Bcthune, fils du duc de Charost, âgé de vingt ans tout au plus, jouissant déjà d’une fortune immense. Il m'a paru plein d’esprit et fort intrigant et abhorrant l'Empereur sans aimer notre révolution, et se mêlant beaucoup des affaires de Brabant. Il prétend qu’ils vont se réfu-

gier en France par milliers, qu'une partie des troupes