Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 27

physiques; les unes et les autres peuv ent devenir contagieuses. Gette considération doit nous engager à prévenir que l'esprit d’ indépendance qui fait une explosion si terrible dans l'Amérique septentrionale, ne puisse se communiquer aux points qui nous intéressent dans cet hémisphère”. »

I] se flattait de prévenir cette D ion Mais ici la passion insurrectionnelle de La Fayette vit plus clair que la prudence optimiste du ministre. « La cour de France, dit-il, entraînée dans cette guerre par une opinion publique à laquelle mon départ avait contribué, ne put avouer ses nouveaux alliés sans reconnaître une fois leurs droits. » (III, 21.) Et, en effet, lorsque, le 1* mai 1778, on connut en Amérique la lettre du 13 mars 1778 par laquelle Louis XVI annonçcait à l'Angleterre l'alliance franco-américaine, La Fayette fit remarquer que le document renfermait cette expression : « Les Américains étant devenus indépendants par leur déclaration... » « Voilà, dit-il, un principe de souveraineté nationale qui leur sera rappelé un jour chez eux. » (1, 77.) La logique instinctive de la passion induisait en cela avec rigueur sur des données singulièrement suggestives.

Mais les jugements instinctifs n’en sont pas moins faillibles, et La Fayette en portait de tels sur les hommes qui l'entouraient dans cette crise de 1775, aussi bien que sur son importance personnelle. Il signale comme ayant eu, avant son départ, des missions en Amérique, Gouvion, Duportail, Laradière et LaumoyIl omet le seul ingénieur qui eût vraiment une mission officielle, Tronson du Coudray. Il croit que Silas Deane fut le premier agent américain mis en re-

1. Doxror, #brd. I, 82.