Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 377

dont on m'avait parlé tient à la détermination de n’avoir aucun rapport avec les affaires républicaines ; il m'a exprimé ce sentiment, soit dit entre vous et moi, d’une manière très prononcée.

Ma lettre à Emmery contient des observations dont vous et lui ferez votre profit; je voudrais qu'on ne se bornât pas à dire que j'ai raison, et qu’on fit parvenir ces vérités évidentes, ces déclaralions consignées dans le sein de l'amitié, aux personnes qui peuvent influencer ; il me semble qu'Emmery est fait exprès pour les conversations confidentielles, et qui, avec un peu d'activité et d'esprit d'entreprise, deviendraient productives. Rien ne doit être négligé pour terminer la Révolution à l'avantage de la liberté : on verra ensuite que personne ne cherchera plus que moi la retraite et le repos.

Il me paraît que, du côté de mon correspondant d'Amsterdam!, on trouve que je me suis tenu trop en arrière; ce tort naturel de ma part n’aura-t-il pas été en partie réparé par votre liaison avec l'ami de Charlot ? Quoi qu'il en soit, on se livre moins par le correspondant, et il n’est plus question du projet d'armée d'Angleterre qui, je l'avoue, nr'avait séduit parce que j'y trouvais un avantage sûr, celui de pacifier les départements de l'Ouest par des moyens dignes de la liberté, un avantage possible, celui de pénétrer au seul endroit où M. Pitt peut être forcé à la paix; et cette paix avec l'Angleterre, je voudrais m'en mêler comme général ou négociateur, parce qu'on pourrait ystipuler des articles si favorables à l'humanité qu'ils répareraient en grande partie les crimes de la Révo-

1. Avant le 30 prairial (18 juin 1799), Carnot avait fait faire par un intermédiaire, à La Fayette, des propositions pour participer à un coup d’État. (Cf. la lettre à Maubourg, V, 118.)