Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
15 du roi aurait été possible sans les fautes des émigrés. Le mot d'ordre universellement accepté était, selon l’expression d'un des candidats (1), « la proscription définitive « et absolue du monstre révolutionnaire . »
Déjà, aux élections précédentes, malgré leurs efforts, les jacobins avaient été partout vaincus par les modérés. Cette fois, la bataille était décisive. Encore une défaite et ils tombaient en minorité ; aussi se jetèrentils dans la mêlée avec une véritable fureur : exclusion arbitraire d’une partie des électeurs, serment de haine à la royauté, imposé à tout votant, envoi de commissaires omnipotents pour soutenir les candidatures officielles, corruption, intimidation, tous les moyens furent employés, mais en vain; la déroute des jacobins fut complète. Camille Jordan fut nommé à Lyon d'une voix unanime. Il entra aux Cinq-Cents en même temps que Royer-Collard. Une politique commune devait les unir jusqu'à la mort.
À peine arrivé à l'Assemblée, le jeune député lyonnais fut chargé d'un rapport sur les innombrables pétitions qui réclamaient la révision des lois relatives à la police des cultes. IL était vraiment juste, Messieurs, que l'honneur de porter pour la première fois à la tribune française, après tant d'années de persécution, la revendication de la liberté religieuse füt réservé au représentant de la ville qui s'est distinguée de tout temps par sa fidélité traditionnelle aux croyances catholiques, et
(1) M. Royer-Collard.