Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
14 Camille Jordan était plus digne que personne de se faire l'interprète de sentiments qu'il avait toujours hautement professés..
S'il est une partie de son œuvre dans laquelle la Convention ait réussi plus particulièrement à réunir le ridicule à l'odieux, on peut dire que c’est dans la législation relative aux cultes.
Déjà la Constituante, considérant les prêtres comme des fonctionnaires, leur avait imposé tout une organisation nouvelle et avait exigé d'eux un serment politique. C'érait un abus de pouvoir. Mais du moins il restait aux prêtres la ressource de refuser le serment en renonçant aux avantages qui y étaient attachés.
Une pareille liberté ne pouvait être tolérée après le 10 août (1). On décréta que tout prêtre qui n'aurait pas prêté serment dans les huit jours serait déporté à la Guyane, et que, sil reparaissait en France, il serait puni de mort dans les vingt-quatre heures (2). On étendit l'obligation du serment politique même aux moines (3) et aux religieuses (4). Au serment exigé par l'Assemblée constituante, dont la forme du moins était sérieuse, on substitua celui de maintenir la liberté et l'égalité, et de mourir en les défendant (ÿ); plus tard, la déclaration que l'universalité des citoyens français est le souverain (6).
(1) Décret du 26 août 1792.
(2) Décret du 24 avril 1793.
(G) Décret du 18 août 1792,
(4) Décret du 3 octobre 1793.
(s) Décret du 18 août 1792.
(6) Décret du 29 septembre 179$.