Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

24 maitre, et le despotisme ne pouvait lui convenir, de quelque part qu'il vint.

Mais ce n'était pas assez de se tenir à l'écart. Il pensa bientôt qu'il était temps d'élever la voix en faveur de la liberté trop oubliée, et il le fit dans un écrit qui a justement fondé sa réputation.

Le premier Consul, s'adressant au peuple français, demandait le Consulat à vie; Jordan est d'avis de lui accorder ce pouvoir. Il voit l'Empire à l'horizon et il est prêt à l'accepter, mais à une condition : c'est que celui à qui le pays décernera cette magnifique récompense lui assure en retour, par une Constitution, la jouissance définitive de libertés régulières, et qu'il consomme ainsi l'œuvre de réparation sociale, commencée par le rétablissement de l'ordre, mais qui ne saurait être complète que le jour où l’ordre et la liberté seront inséparablement unis.

Telle est l'idée que Camille Jordan développe dans une brochure intitulée : Urai sens du vote national sur le Consular à vie. Il faut en citer les premières pages pour montrer combien cette revendication des libertés publiques était à la fois respectueuse et ferme : |

« Le moment est venu où il est permis, où il est « juste, où il est nécessaire d'écrire. Un assez long « silence a réparé l'abus que nous fimes de la pa« role.

« Sans doute, il est entré dans notre vote un senti« ment profond de reconnaissance pour l'homme qui « nous gouverne. Nous n'avons pas besoin de répé-