Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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posée de députés élus, mais en imposant surtout aux éligibles certaines conditions particulières de propriété.

Enfin, il arrive à se demander s’il convient que la magistrature suprême soit soumise à l'élection, ou s'il vaut mieux fonder en faveur du souverain nouveau une hérédité nouvelle.

Il déclare qu'à ses yeux cette question a peu d'importance. Il estime, cependant, que l'hérédité se crée difficilement dans des temps comme les nôtres ; qu’elle n'a sa raison d'être que lorsqu'elle est consacrée par des traditions et qu’elle se dresse comme une colonne antique sur laquelle semble reposer la société tour entière. Ï ne s'oppose pas à ce qu’elle soit proclamée; mais à une condition absolue, c’est que le pays, en se donnant à une dynastie nouvelle, obtienne la consécration de ses droits et de ses libertés par une solennelle Constitution.

Tels sont, Messieurs, les principaux traits de cet écrit, dans lequel on trouve comme un écho lointain des institutions anglaises que Jordan avait étudiées etadmi= rées pendant son exil.

Cette revendication si modérée parut factieuse dans un temps où tout se taisait sous le regard impérieux du vainqueur de l'Europe. La brochure avait été publiée sans nom d'auteur. La première édition futsaisie, et un parent de Camille Jordan, qui avait remis le manuscrit à l'imprimeur, fut arrêté. Camille n'hésita pas à se nommer. Il écrivit au premier Consul, déclarant qu'il se rendait à Paris pour attendre qu'on statuât sur son sort. Bonaparte n'osa pas le frapper.