Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

37 politique, aurait forcé les classes élevées, au lieu de s'isoler dans la jouissance d'un pouvoir assuré de plein droit, à se tenir en relations constantes avec les classes inférieures pour mériter leur confiance et obtenir leurs suffrages.

Malheureusement, les partis en présence s'étaient persuadés, probablement à tort, que le suffrage à deux degrés assurerait dans les campagnes la prépondérance . de la noblesse; c'en était assez pour qu'il fût repoussé par le ministère et par les consticutionnels.

La lutte fut acharnée. Camille Jordan soutint le projet du ministère qui triompha, mais il voulait y apporter un amendement destiné à rendre le vote obligatoire. IL se rappelait ces temps de la Révolution et du Consulat où le droit de voter appartenait à tous et où personne ne votait. « La lacune et l'erreur, disait-il, consistent en ce « que le projet, qui envisage la fonction d’électeur « comme un droit, ne l'a pas assez envisagé comme « un devoir. Je ne vois dans le projet qu'un appel au « zèle, je ne vois rien qui oblige à acquitter cette « contribution de temps et de lumières, véritable ma« gistrature et service public, le premier de tous peut« être..… Il faut redouter ici la nature même du carac« tère français ; il faut forcer l'exercice du droit par des

actes législatifs. Vous en avez des exemples pour les

« jurés, pour le service de la garde nationale. Il est . + “ , » Re 1

« possible de signaler à l'opinion l'électeur absent sans

« excuse valable, et, en cas de récidive, on peut le traiter

« comme ayant renoncé à son titre, le priver de pré-