Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

39 mis en minorité dans la Chambre haute, en faisant une fournée de soixante et un nouveaux pairs choisis pour la plupart parmi les généraux et les ministres de l'Empire. Le ministère s'appuyait sans hésiter sur ‘les constitutionnels. Il semble que les électeurs libéraux auraient dû seconder cet effort du ministère, augmenter et consolider la majorité dont il disposait, et l'aider à accomplir le programme de libertés modérées quil avait adopté. Il n'en fut pas ainsi.

La classe moyenne ne justifia pas à cette époque les espérances qu'on avait fondées sur son intelligence politique. Au lieu de se serrer autour du gouvernement qui défendait sa cause, elle trouva plus habile de lui donner des leçons et de protester contre l'ancien régime par le choix de candidats désagréables au roi. Elle nomma députés un certain nombre d'hommes qui s'intitulaient indépendants et qui appartenaient à un parti nouveau, formé par l'assemblage de tous les mécontents, des partisans de la tradition révolutionnaire ou impériale, de beaucoup de jeunes gens que l'ardeur, les illusions de leur âge et une secrète ambition entrafnaient vers des horizons inconnus. Un comité central, organisé à Paris, désignait les candidats pour chaque département, et telle fut bientôt la discipline de ce nouveau parti, que les candidats les plus ignorés étaient acceptés sans hésitation par les électeurs, dès que le comité les avait adoptés (1).

(1) Vaulabelle : Histoire des deux Restaurations, tome 1V, p. $o7.