Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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alors que des magistrats élus, parmi lesquels on comptait des hommes comme Chalier, étaient assez lâches pour trembler devant ceux qu'ils auraient dû punir, assez pervers pour leur donner l'exemple du crime!

Déjà, plusieurs fois, des scènes analogues s'étaient produites. On avait vu des citoyens, pour s'être permis de secourir des femmes outragées, condamnés correctionnellement comme ayant éirrespectueusement anticipé sur la vengeance municipale (1). On savait que le Maire lui-même avait envoyé dans les églises des agents de police escortés de fusiliers pour incarcérer les femmes qui assistaient aux messes des prêtres non-assermentés, après les avoir préalablement fustigées devant la porte des Collinettes (2).

Une voix s'éleva, cependant, pour protester contre ces infamies, et, dans un écrit indigné, un courageux écrivain dénonça à l'opinion publique cette monstreuse complicité du magistrat avec l'assassin (3). « J'ai « vu, s'écriait-il, j'ai vu tant d'horreurs commises et « non réprimées, le scandale à son comble et l’auto« rité dans le silence, le méchant enivré d’audace et « puissant par l'impunité. Ah ! il n'est plus possible de « dévorer en secret le sentiment de tant de crimes... « L'indignation publique demande un organe... Ils ne « peuvent être punis, ils seront flétris. :

(1) Mémoire de l’abbé Guillon, tome I, p. 102.

(2) Péricaud, Tablettes chronologiques, 24 juillet 1791.

(3) La Loiet la Religion vengées des violences commises aux portes des églises catholiques de Lyon, par le citoyen Simon.