Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

II

aristocrates, conformistes, non-conformistes, ces distinctions s'effacent ; vous tous qui, dans vos erreurs, conservez quelque droiture, il s’agit de nous rallier aujourd'hui. Défendons les droits sacrés que la loi nous assure, mais ne les soutenons que par les moyens que la loi nous permet. Je voudrais qu’à l'ombre de cette loi il se formât dans la cité une coalition pacifique et puissante, que tous les citoyens honnêtes, en s'assemblant, connussent leurs forces qu’ils ignorent, et que la révélation de ce terrible secret portât la confance dans leurs âmes et l’effroi dans le cœur des méchants.

On sent dans ces virils conseils comme un souffle

précurseur de l'insurrection qui devait éclater à Lyon

l’année suivante.

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Comme on l'a fort bien dit, « (1) Ce ne fut point précisément la contre-révolution qui arma les citoyens lyonnais contre la République et la Convention; ce fut l'excès de l'oppression, graduellement croissante depuis 1791, et renchérissant chaque jour par des mesures de plus en plus intolérables ; ce futla frénésie de quelques dominateurs fanatiques qui détermina le désespoir du plus grand nombre; Girondins, hommes de 89 et royalistes, nobles, bourgeois, marchands et hommes du port, tous à la fin se trouvèrent refoulés dans un même sentiment d'indignation, confondus

(x) Sainte-Beuve : Cumille Jordan et Madame de Stuël (Revue des

Deux-Mondes, 1868).