Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

10

appartenait à une famille de commerçants aisés, de mœurs simples et d'une probité antique. Il fit de brillantes études au collége de l'Oratoire et les couronna par un cours de philosophie de deux ans au séminaire de ‘Saint-Irénée. En 1788, à peine âgé de dix-sept ans, il assistait chez son oncle, Claude Perrier, à la fameuse assemblée de Vizille (1), « d'où partit le premier cri de « rénovation qui devait retentir si tôt et se prolonger si « longtemps dans le monde. » En 1700, il fit avec sa mère le voyage de Paris etassista aux premières luttes oratoires de l’Assemblée. Mais l'ardeur de la jeunesse et l’'engouement des idées nouvelles ne réussirent'pas à troubler cette conscience fortement trempée par une vigoureuse éducation. Il ne comprit jamais qu’au nom de la Liberté on pût porter atteinte à la plus sainte de toutes, à la liberté religieuse, Aussi, de retour à Lyon en 1701, il accabla, dans une série de pamphlets, l'évêque Lamourette et ses pareils qui, sous un optimisme sentimental, dissimulaient les plus vulgaires ambitions (2).

IL exhortait en même temps les bons citoyens à s'organiser pour lutter contre la violence (3). « Jusqu'à « quand, écrivait-il dès 1702, nous verra-t-on nous « plaindre au lieu d'agir et mettre des réflexions inutiles « à la place de déterminations vigoureuses? Patriotes,

(x) Ballanche : Éloge de Camille Jordan.

(2) Première lettre à M. de Lamourette, se disant évêque de Rhône-etLoire, et metropolitain du Sud-Est. Lyon, 1791, in-8°.— Seconde lettre, id. — Histoire de la Conversion d'une Dame parisienne, Paris 1792.

(3) La Religion vengee, etc.