Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 93

sommes immenses : on prodigue l’or, on fait les plus grands sacrifices pour triompher de la liberté francaise. Mais prenons la Hollande, et Carthage est à nous, e/ l'Angleterre ne peut plus revivre que par la liberté, L'aristocratie des commercants, furieuse que le ministre anglais se soit mêlé de la coalition des despotes, et de voir son commerce anéanti, sera la première à se déclarer contre, sera la première à renverser le ministère de Pitt, qui a cru que l'ancien régime pouvait subjuguer le génie de la liberté qui plane sur l’univers. Ce ministère renversé par l’institution même du commerce, les amis de la liberté qui sont en Angleterre, et ce parti n’est pas mort, il vous attend, et si vous faisiez votre devoir, si la France marchait, les républicains de l'Angleterre vous donneraient la main, et l’univers serait libre (applaudissements) (1). »

Dans une autre harangue, au même lieu, le même jour, Danton disait encore :

«… Je me résume donc: ce soir, organisation du tribunal (2), organisation du pouvoir exécutif (3); demain mouvement militaire; que demain vos commissaires soient partis; que la France entière se lève, coure aux armes, marche à l'ennemi; que la Hollande soit envahie, que la Belgique soit libre ; que le commerce d'Angleterre soit ruiné: que les amis de la liberté triomphent dans cette contrée; que nos armes, partout victorieuses, 4pportent aux peuples la délivrance et le bonheur, et que le monde soit vengél »

Or, attaquer la Hollande, alliée de la Prusse et de l'Angleterre, soumise à leur influence, coalisée contre nous, appelant et accueillant leurs troupes, c'était bien, en effet, frapper le ministère tory lui-même.

En se rendant maître de l’'Escaut, c'était surtout le parti acharné contre la France, Pitt et l'aristocratie com-

(1) Le Logotachigraphe, journal de la Convention nalionale de Trance, par le ciloyen W.-E. Guiraut, el d'après ses procédés, no 72, 14 mars 1793.

(2) Le tribunal révolutionnaire de Paris. — R,

(3) Le premier comité de Salut public, —R.