Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

9% DANTON ÉMIGRÉ.

merciale, que l’on atteignait, en même temps qu'on espérait ainsi relever le parti républicain, et ramener Fox au gouvernement. C’est pourquoi Danton disait: Que la Hollande soit conquise à la liberté, c’està-dire débarrassée de son stathouder imposé par les Anglo-Prussiens et ramenée à l’état de république indépendante, et les Whigs relèveront la tête, et le parti républicain anglais nous donnera la main et agira de concert avec nous pour assurer la liberté du monde!

Cette tactique échoua par l’indignité du chef militaire, le général Dumouriez,

Or, l’homme d’État de la Révolution devait-il parler un langage plus net dans la situation complexe, tendue et pleine de périls où il se trouvait? pouvait-il énumérer, article par article, coram populo, les négociations qui se poursuivaient en Angleterre et dans les Pays-Bas, et fournir tout le détail du plan politique que le parti de la Révolution avait suivi dans les deux pays?

Evidemment non.

Dire explicitement, en 1793, à l’Assemblée ou aux clubs, de négocier avec des rois, « ces monstres qui avaient pris les armes contre la France pour la remettre sous le joug », eùt été une entreprise absolument folle. ce n’est que par la force des choses, par expérience et nécessité, et quand la convulsion nationale, d’ailleurs si tutélaire, produite par l’invasion en 1799, se fut un peu apaisée, que l’on put, vers 1794 et 1795, parler d'entendre et recevoir des propositions de paix.

En l’an Ie et en l’an Il, on n’en devait rien faire connaître que par allusion et à mots couverts; il fallait poursuivre l’immense tâche du salut national en silence, sous sa propre responsabilité, en laissant sa tête comme gage du devoir accompli.

C’est ce que fit Danton.

Aussi la trahison de Dumouriez et le succès momentané des armées anglaises après ce désastre, l’investissement de Dunkerque et les intelligences entretenues à Toulon, Marseille, Nantes et Brest avec les royalistes,