Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 97

choote, elle sembla reprendre faveur, et le bruit se répandit, que, retiré à Arcis-sur-Aube, Danton y recevait les propositions du duc d’York (V. la pièce n° 21).

Pour avoir été ainsi sous-entendue, non déclarée, l’alliance contractée par les chefs de l'opposition anglaise et l’ancien membre du conseil Exécutif de la République française, du comité de Défense générale et du premier comité de Salut publie, si activement servi à Londres par Talleyrand, n’en fut donc pas moins ferme et effective ; et la politique internationale de l'Angleterre et de la France demeura, pendant un temps assez long encore, réellement subordonnée à la concurrence des directions opposées que l’on cherchait à imprimer aux deux pays : dans la Grande-Bretagne le débat était toujours entre Fox et William Pitt, entre les Whigs et les Tories ; chez nous, il restait entre Danton, représentant la Convention nationale, surtout depuis sa grande abdication du 4e août, et les partisans de la propagande armée, les cosmopolites, fortifiés aux Cordeliers, à la Commune et au ministère de la Guerre, cherchant à dominer le nouveau comité de Salut publie, dont l’homme d'Etat de 93 avait cru, hélas! — ce fut là sa faute politique la plus grave, — devoir refuser obstinément de faire partie, lors de son renouvellement et de sa transformation en comité de gouvernement.

Que le chef des Whigs, Charles Fox, l’eût emporté dans le Parlement sur son tout-puissant rival, et Danton aurait pu, à son tour, faire aisément prévaloir dans la Convention les tendances pacifiques à l'égard de la Grande-Bretagne et reprendre en France la direction politique; que celui-ci, au contraire, soutenu par V'Assemblée, eût, le premier, pris le pas sur le ministère de la Guerre et sur la Commune, et, par suite, sur le comité de Salut public, et Fox pouvait encore faire accepter la paix avec la France et remplacer Pitt à la tête du cabinet.

Danton n’avait-il pas dit à la Convention, le 9 mars : « Si la mesure que je propose est adoptée, — il s'agissait de l'armement de tous les Français, — bientôt ce Pitt,

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