Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 99

tiel, — la trahison de Dumouriez! — fit définitivement échouer la tentative pacificatrice de Danton, nous l’avons déjà dit.

Ilest hors de doute, en effet, qu'à ce moment, c’est-àdire après la chute du trône en France, tous les esprits avancés et tous les cœurs indépendants et généreux, en Occident, aspiraient à l’affranchissement religieux et politique de leur patrie, à la destruction de la « tyrannie des prêtres et des rois », pour parler le langage de ce temps, et qu'ils espéraient que toutes les nations de l’ancien continent : Allemagne, Pays scandinaves, Îles Britanniques, Espagne et Italie allaient suivre l'exemple de notre pays.

Il faut lire, dans les journaux et les correspondances de l’époque, les témoignages émouvants de cet élan magnifique, les vœux enthousiastes et les supplications touchantes, les paroles d’admiration et d'attachement envoyées de toutes les contrées amies de la France à ses Assemblées nationales.

Nous avons donné un certain nombre de ces documents dans notre texte, nous en rapportons quelques autres dans nos pièces justificatives : Angleterre, rlande, Ecosse, Belgique, Hollande, Rauracie, Prusse rhénane, Palatinat, Pologne, Savoie, comté de Nice, avaient, à l'envi, fait entendre leur voix! On doit le dire très haut, jamais nation autre que la France n’avait été l’objet d’un pareil concert de sympathies et d’encouragements (on pourrait dire plus).

Eh bien, il faut le reconnaître également, la situation étant telle, il n’y a pas, dans toute l’histoire du monde, — et la matière y abonde ! — de trahison plus osée, plus aveugle, plus sale (c'est le mot de Richelieu), plus lâche et plus funeste que celle de cet homme de guerre perdant en un instant son avenir militaire, son ancienne gloire et la situation incomparable de toute une société d'élite, pour un mirage fol, par un enivrement d'ambition et de cupidité aussi stupide qu'odieux.

Et certes, l'existence ignomignieuse et misérable que ce réprouvé a traînée depuis par les chemins, châtiment