Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

100 DANTON ÉMIGRÉ.

dérisoire de son abominable forfait, n’a pu racheter le désastre qui en résulta pour l’Europe tout entière, ni ramener jamais le moment unique, où, par une vicloire décisive, il aurait pu déterminer la grande transformation sociale et politique, la délivrance, que le monde attendait avec tant d’anxiété |

Que cherchait, en Belgique et en Hollande, en Allemagne eten Italie, la politique suivie par la Convention lors de l'invasion des Pays-Bas, du Palatinat et de la Savoie, sous la direction de Lebrun pour la Gironde et de Danton pour la Montagne ? — D'abord, et sans aucun doute, on voulait résister à outrance à la première coalition formée contre la France par l'Autriche, la Prusse et la Sardaigne, sur les possessions desquelles, après Valmy, entrèrent simultanément les armées de la République ; mais encore, — et ceci est de la plus haute 1mportance, — on s'attendait à déterminer dans toute l’Europe, la Russie et la Turquie exceptées, un soulèvement général contre les trônes, ce mouvement de régénération sociale, politique et religieuse que la France venait de présenter chez elle.

Mais la Convention, pas plus que la nation elle-même, n'avait alors et n’eut jamais plus tard, — car c'eût été folie (il fallait pour cela un Bonaparte)! — le ferme dessein de conquérir l'Occident et de se l'annexer.

Le grand coup à porter était donc la délivrance des Pays-Bas, des Provinces rhénanes et de la Savoie à l'égard des divers despotismes qui y étaient mal assis, et leur affranchissement simultané par une série de soulèvements et de victoires qui auraient forcé la coalition à désarmer!

Ce n’est qu'après l’explosion de cet élan spontané que se posèrent les questions de réunion et d'annexion des pays occupés et qu'intervint la systématisation de la propagande armée, d’après l’action dogmatique et opiniâtre d'un homme étranger à la France, qui sut y entraîner les Girondins d’abord, et, après, les Hébertistes.

Mais en tout cas, ici, l'objet, le devoir, la fonction du principal engagé militaire, s’il eût été de son siècle, un