Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

148 : DANTON ÉMIGRÉ.

cipes pour la diriger. Montesquiou nous adressa le premier un mémoire à ce sujet. Deux rapports vous furent faits par le comité Diplomatique, le 20 et le 24 octobre dernier. Ces rapports ont été imprimés; mais les décisions qui y étaient projetées vous ont peut-être paru insuffisantes, et vous n'en avez pas encore fait le sujet de vos délibérations; les principes qu'ils contiennent vous sont parfailement connus. Voici les faits :

« Le général Custine, à peine entré en Allemagne, vous a demandé s'il devait supprimer les droits féodaux, les dîimes, les privilèges, en un mot tout ce qui tieut à la servitude, et s’il devait établir des contributions sur les nobles, les prêtres et les riches, en indemnité des secours qu'ils avaient accordés aux émigrés, vous ne statuâtes rien sur ces objets; en attendant il crut ne devoir pas laisser péricliter les intérêts -de la République. IL exigea des contributions. On l'a accusé sur ce point, quoiqu'il vous eût soumis les motifs de ces contributions diverses; et ses ennemis ont voulu en tirer avantage contre lui, notamment par rapport aux 1,500,000 florins quil imposa sur Francfort. Depuis ce temps Francfort a été repris, et vous avez frémi au récit des nouvelles vépres siciliennes qui ont ensanglanté cette ville. :

« Dumouriez, en entrant dans la Belgique, a annoncé de grands principes de philosophie; mais il s’est borné à faire des adresses au peuple. Il a jusqu'ici tout respecté, nobles, privilèges, corvées, féodalité, etc., tout est encore sur pied; tous les préjugés gouvernent encore ce pays, et le peuple n'y est rien; c’estä-dire que nous lui avions bien promis de le rendre heureux, de le délivrer de ses oppresseurs, mais que nous nous sommes bornés à des paroles. Ce peuple, asservi à l'aristocratie sacerdotale et nobiliaire, n’a pas eu là force, seul, de rompre ses fers, et nous n'avons rien fait pour l'aider à s’en dégager.

« Le général a cru, d'après les instructions du conseil Exécutif, devoir respecter sa souveraineté et son indépendance, ne pas lui imposer de contributions extraordinaires; lorsque ses convois passent à quelques barrières ou péages, ils y payent les droits ordinaires. Il a cru ne devoir pas même forcer les habitants à fournir des magasins et des approvisionnements à nos armées. Ces principes philosophiques sont les nôtres; #rais nous ne voulons pas, nous ne devons pas respecter les usurpateurs. Tous ceux qui jouissent d’immunités et de privilèges sont nos ennemis, il faut les détruire; autrement, notre propre liberté serait en péril. Ce n’est pas aux rois seuls que nous avons à faire la guerre; car s'ils étaient isolés, ce ne serait que dix à douze têtes à faire tomber. Nous ayons à combattre tous leurs complices, les