Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 147

Cambon l'avait fait précéder de l'exposé des motifs qui suit :

Rapport sur la conduite à tenir par les généraux français dans les pays occupés par les armées de la République.

CaAMBON, au nom des comités des Finances, Militaire et Diplomatique :

. « Vous avez chargé trois de vos comités de l'examen de plusieurs lettres des généraux commandant les armées qui sont actuellement sur territoire étranger. Ces lettres sont en partie relatives au manque de vivres et d'habillements. Déjà vos comités vous ont proposé divers moyens de ramener l’abondance dans les armées et de pourvoir aux besoins imprévus; et bientôt ils vous feront un rapport sur les crimes qui ont été commis dans celte partie. Les autres sont relatives à la conduite politique que doivent tenir les généraux. Vous avez voulu fixer des principes sur la manière de continuer la guerre que vous avez entreprise. Cest sur ce dernier objet que porte mon rapport.

« Avant de vous rendre compte des principes de vos comités, je dois vous annoncer l’objet de leurs délibérations. Ils se sont assemblés pendant quatre jours avec le conseil Exécutif, que vous leur aviez ordonné de s’adjoindre, avec les commissaires de la trésorerie, avec les directeurs des vivres et des habillements; et ce n’est qu'avec le concours de toutes les instructions qu'il leur à élé possible de recueillir, qu'ils ont rédigé le projet de décret que je suis chargé de vous soumettre.

« Ils se sont demandé d’abord quel est l'objet de la guerre que vous avez entreprise? C’est sans doute l'anéantissement de tous les privilèges. Guerre aux chäleaux, paix aux chaumières; voilà les principes que vous avez posés en la déclarant : tout ce qui est privilégié, tout ce qui est tyran doit donc être traité en ennemi dans les pays où nous entrons. Telle est la conséquence naturelle de nos principes.

« Quelle a été, au contraire, jusqu'ici notre conduite? Les généraux, en entrant en pays ennemi, y ont trouvé les tyrans el leurs satellites, notre courage a fait fuir les uns et les autres; nous sommes entrés dans les villes en triomphateurs et en frères. Nous avons dit aux peuples : Vous éles libres: mais nous nous sommes bornés à des paroles. Nos généraux, embarrassés sur la conduite qu'ils avaient à tenir, nous ont demandé des règles et des prin-