Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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habitants, après avoir déclaré la souveraineté du peuple, la liberté et l'indépendance, auront organisé une forme de gouvernement libre et populaire. »

Suit la proclamation que les généraux devaient répandre chez tous les peuples conquis à la liberté :

« LE PEUPLE FRANÇAIS AU PEUPLE...

« Frères et amis,

« Nous avons conquis la liberté et nous la maintiendrons : notre union et notre force en sont les garants.

« Nous vous offrons de vous faire jouir de ce bien inestimable, qui vous à toujours appartenu et que vos oppresseurs n'ont pu vous ravir sans Crime.

«Nous sommes venus pour chasser vos tyrans, ils ont fui; montrez-vous hommes libres, et nous vous garantirons de leur vengeance, deleurs projets el de leur retour.

« Dès ce moment la République française proclame la suppression de tous vos magistrats civils et militaires, de toutes les autorités qui vous ont gouvernés ; elle proclame en ce pays l'abolition de tous les impôts que vous supportez, Sous quelque forme qu'ils existent : des droits féodaux, de la gabelle, des péages, des octrois, des droits d'entrée et de sortie, de la dime, des droits de chasse et de pêche exclusifs, des corvées, de la noblesse, et gènéralement de toute espèce de contributions et de servitudes dont vous avez élé chargés par vos oppresseurs.

« Elle abolit aussi parmi vous toute corporation nobiliaire, sacerdotale et autres, toutes prérogatives, tous privilèges contraires à l'égalité. Vous êtes, dès ce moment, frères et amis, tous citoyens, tous égaux en droits, et tous appelés également à défendre, à gouverner et à servir votre patrie.

« Formez-vous sur-le-champ en assemblées de communes ; hâtez-vous d'établir vos administrations provisoires ; les agents de la République française se concerteront avec elles pour assurer votre bonheur et la fraternité qui doit exister désormais entre nous » (l).

Quant au décret lui-même, voté article par article, et avec enthousiasme, malgré une discussion fiévreuse,

(1) Moniteur, année 1792, n° 253.