Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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butions, et lui offrant une partie de nos trésors pour l’aider à reconquérir sa liberté, nous lui offrirons notre monnaie révolutionnaire. (On applaudit.) Cette monnaie deviendra la sienne; nous n’aurons pas besoin alors d'acheter à grands frais du numéraire, pour trouver, dans le pays même, des habillements et des vivres ; un même intérêt réunira les deux peuples pour combattre la tyrannie, Dès lors, nous augmenterons notre propre puissance, puisque nous aurons un moyen d'écoulement pour diminuer la masse des assignats circulant en France, et que l’hypothèque que fourniront les biens mis sous la sauvegarde de la République augmentera le crédit de ces mèmes assignats.

« Il sera possible qu'on ait recours à des contribulions extraordinaires; mais alors la République française ne les fera pas élablir par ses généraux; ce mode militaire ne serait propre qu'à jeter dans l'esprit des contribuables une défaveur non méritée sur nos principes. Nous ne sommes point agents du fisc; nous ne voulons point vexer le peuple. Eh bien, vos commissaires, en se concertant avec les administrations provisoires, trouveront des moyens plus doux. Ils établiront sur les riches les contributions extraordinaires qu'un besoin imprévu pourrait exiger; ils en excepteront la classe laborieuse et indigente. C’est par là que nous ferons aimer au peuple la liberté; il ne payera plus rien; il administrera tout.

« Mais vous n'aurez encore rien fait, si vous ne déclarez hautement la sévérité de vos principes contre quiconque ne voudrait qu'une demi-liberlé. Vous voulez que les peuples chez qui vous portez vos armes soient libres. S'ils se réconcilient avec les castes privilégiées, vous ne devez pas souffrir ce trafic avec les tyrans. Il faut donc dire aux peuples qui voudraient conserver des castes privilégiées, vous êtes nos ennemis; alors, on les traitera comme tels, puisqu'ils ne voudront ni liberté, ni égalité; et si, au contraire, ils paraissent disposés à un régime libre, vous devez non seulement leur donner assistance, mais les assurer d’une protection durable. Déclarez-leur que vous ne traiterez jamais avec leurs anciens tyrans, car ils pourraient craindre que vous les sacrifiiez à l'intérêt de la paix. Faites la déclaration solennelle de plutôt périr tous que de capituler avec les oppresseurs du peuple. (On applaudit.) Vous devez en même temps annoncer aux peuples que dès qu'ils auront déclaré leur indépendance et organisé une forme de gouvernement libre et populaire, tous les pouvoirs de l'administration provisoire et de vos commissaires cesseront.

« À la fin de la guerre, vous aurez des comptes à régler. Vous complerez avec les représentants de chaque peuple, et des dépenses que vous aurez faites et des approvisionnements qu'on

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