Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 153

vous aura fournis. Si l’on vous doit, vous prendrez des arrangements comme vous en avez pris avec les Etats-Unis de l’Amérique; vous vous prèterez à tout ce qui pourra soutenir la liberté de vos voisins ; si, au contraire, vous êtes redevables, vous payerez comptant, car la République française n’a pas besoin de crédit.

« Le projet de décret que vos comités m'ont chargé de vous présenter est rédigé d’après ces principes ; il renferme quelques articles de détail, comme d’obliger les commissaires à rendre leurs comptes au conseil Exécutif, qui les soumettra à la revision de l’Assemblée nationale, qui doit toujours être le centre de l’autorité; il est accompagné d’une proclamation qui doit être faite par les généraux, pour développer ces principes, et à la suite de laquelle ils feront assembler les communes et organiser les administrations. Ce projet n’a été arrêté que ce matin. Je n'ai pas fait de rapport par écrit, parce qu'il était instant de vous le soumettre. »

Eh bien, il y a un abime entre cette-loi du 45 décembre 1792 et le décret du mois de novembre précédent : M. Marc Dufraisse la qualifie de loi d'argent, et c’est très Juste.

« En entrant dans un pays conquis, disait l’illustre rapporteur, notre premier soin doit être de prendre pour gage des frais de querre, les biens de nos ennemis». Et toute l’économie de la loi consistait, en effet, à augmenter l'hypothèque, et, par conséquent, le crédit de l’assignat français par la main mise sur les biens meubles et immeubles « des tyrans et des fauteurs de tyrannie », de même que son but était de diminuer chez nous la masse de ce papier en le donnant à l'étranger en échange de son numéraire et de ses métaux précieux. Car, en saisissant tous les biens du fisc et des congrégations au profit de la République, la loi du 15 décembre tendait à priver de revenu les peuples protégés, à les obliger de recourir à nous pour leurs besoins, et, par conséquent, à recevoir notre monnaie révolutionnaire, l'assignat, que le Trésor français s’empressait, du reste, de mettre à leur disposition.

Voilà pour le côté économique ou financier de la question .