Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

154 DANTON ÉMIGRÉ.

Quant au côté politique et militaire, on ne doit jamais oublier que tous les trônes quelconques, toutes les couronnes, se trouvant incessamment menacés, irrémédiablement condamnés par le droit révolutionnaire, la République française, tant qu’elle n’aurait pas formellement renoncé à la propagande armée, provoquait contre elle, par l'adoption même de ces principes, la coalition universelle des monarchies et des empires : d’où la guerre à outrance, sans fin et sans merci. Ensuite, par cela seul que la République avait stipulé le remboursement avec garantie des frais de la guerre de délivrance, après l'opération faite, elle se trouvait aussi entrainée, et cela inévitablement, à prendre pour gage, jusqu'à parfait payement, les pays qu’elle avait occupés ; de même, elle devait y opérer, proportionnellement, le recrutement de ses armées, auquel, sans cela, la France seule n’aurait pas pu suffire.

Voilà comment la Belgique et la Savoie, — pour ne parler que de ces deux cas caractéristiques, — se trouvèrent, dès 1793, fatalement amenées à faire partie, au moins pendant un temps, de la nouvelle république.

Cela était tellement inévitable, et l’idée de laisser et de maintenir 2xdépendants el libres d'eux-mêmes les peuples délivrés par nos armes était à ce point utopique, que, partout, les nations affranchies, incapables de se défendre contre leurs anciens maitres, sollicitèrent elles-mêmes, et aussitôt, leur encorporation totale et définitive à leur tutrice naturelle, la République francaise, par peur et instinct de conservation; tout comme elles voulurent subir notre droit commun en matière d'impôts, et payer dores ct déjà les frais de leur délivrance, afin d'éviter le régime d'exception.

Nous avons réuni, à la fin de ce volume, aux Pièces justificatives, n°% 2 à 16, un certain nombre de ces adresses des Belges, des Bataves ou Hollandais, des Rauraciens, des Allemands, des Savoisiens et des Nicois à la Convention nationale, pour demander et motiver leur annexion ou réunion à la France; toutes confirment ce que. nous venons d'avancer, et il y en a des centaines