Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 155

d’autres dans nos archives nationales et dans les journaux de l’époque révolutionnaire qui tendent au même résultat.

Mais outre les motifs essentiels que nous venons d'invoquer, et qui font toucher du doigt les causes profondes et inéludables de l'impossibilité pratique du système de la propagande armée, puisque l’affranchissement des peuples y revêtait fatalement la forme de la conquête en leur imposant, de toute nécessité, l'obligation fiscale et le service militaire (1), on peut juger encore, d'après un passage naïvement autopanégyrique des Mémoires de Barère, comment les Lbérateurs, se regardant spontanément comme des vainqueurs ordinaires, s'y attribuaient tous les avantages, droits et abus du plus fort, et jusqu'à quel point les affranchis, les délivrés, étaient inévitablement lésés dans leurs intérêts les plus essentiels et les plus légitimes, aussi bien que dans les plus délicats et les plus élevés.

« Lorsque les armées de la République entrèrent en Belgique, dit l’ancien décemvir, je fis arrêter par le comité que deux commissaires pris dans la Convention iraient à Anvers, à Bruxelles, à Aix-la-Chapelle et à Liège, recueillir leschefs-d’œuvre de Rubens et des célèbres écoles flamande et hollandaise, pour enrichir le musée français. M. Guiton-Morveau fut le principal commissaire qui, de Belgique, fit transporter à Paris ces tableaux précieux que l'Europe vient admirer depuis qu’ils sont devenus les trophées de la victoire (2). »

D'autre part, M. Thalès Bernard, dans une étude intime sur l’Orphée du chauvinisme francais, nous apprend que nos armées étant rentrées dans les Pays-Bas en

(1) Rappelons encore iei les 2 millions de florins arrachés en octobre 4192 par les fourrageurs de Custine (Neuvinger et Houchard) aux paisibles habitants de Francfort, ville neutre et libre! et nous aurons suffisamment indiqué que la guerre de délivrance ressemblait singulièrement à l’autre, pour ceux qui la subissaient; la brillante médaille de la propagande armée avait donc bien aussi son revers.

(2) T, Il, p. 146-147.