Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 461

ce qui était absolument contraire à la politique des Cosmopolites, qui ne le lui ont pas pardonné ! Jamais, surtout, il n’avait songé, comme Monge, Grégoire et Cloots, à descendre en Angleterre pour y faire triompher les Whigs (1). Il se contentait de combattre Pitt sur le continent, par les armes, et dans le Parlement anglais, par l'opposition.

Une fois arrivé dans les Pays-Bas en qualité de commissaire de la Convention près l'armée de Dumouriez, le 30 novembre 17992, la seconde période de son action commença : il exécuta d'abord fidèlement, strictement, le décret du 15 décembre (2).

Ce n’est pas non plus au nom de la propagande armée qu'il provoqua, vers le milieu de janvier, la déclaration de guerre à l'Espagne, au cours du procès du roi, mais parce que l'ambassadeur de cette puissance avait fait de la mise en liberté de celui-ci la condition de la

aix.

Peu de temps après, à la fin de janvier 1793, sous le coup des difficultés de tous genres que faisait surgir l’invasion, et d’après les craintes et sollicitations vives des patriotes belges, il se décida pour l'annexion et invoqua, devant la Convention, {a théorie des frontières nalurelles ; voici en quels termes :

(1) Le ministre de la marine avait adressé à tous les amis de la liberté, dans les ports de mer français, une circulaire officielle dans laquelle on lisait ces paroles :

« Le roi et le Parlement d'Angleterre ont dessein de nous faire la guerre; les républicains anglais le soufriront-ils? Déjà ils témoignent leur répugnance à porter les armes contre leurs frères les Français. Eh bien ! nous voleruns à leur secours ; nous ferons une descente dans leur ile; nous y jetlerons cinquante mille bonnets rouges, et nous y planterons l’arbre sacré ! (a) »

(2) Lors du procès de germinal, au tribunal révolutionnaire, le seul témoin entendu, Cambon, ne put s'empêcher de le reconnaitre, et dit : « Le décret du 15 décembre. Dumouriez s'y opposait. On envoya Danton et Lacroix pour surveiller Dumouriez. Tous ceux qui sont Ià (les Dantonistes, au banc des accusés) furent les fidèles appuis de ce décret, » — (Notes de Topino-Lebrun.)

(a) Monileur. — Voir en outre les allocutions de Grégoire à la Convention .