Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 187.

rent audacieusement, après coup, l’un et l’autre événement, bien qu'ils s’y fussent activement compromis, et en rejetèrent la responsabilité sur leurs collègues de la Montagne et notamment sur la députation de Paris.

Qu'on en juge encore par ce court extrait de la dernière lettre apologétique de Brissot à ses commettants, sur sa politique et celle de la Convention, — le chant du cygne (22 mai 1793) :

Parmi les causes de la guerre avec l'Angleterre, il place en première ligne: « l'absurde et impolitique décret du A9 novembre (1792), qui a justement excité les inquiétudes des cabinets étrangers; décret auquel les hommes éclairés se sont en vain opposés; décret anéanti par les anarchistes même qui l'avaient provoqué avec fureur; anéanti après une fatale expérience (l'envahissement de la Belgique, de la Hollande, du Palatinat, de la Savoie et du comté de Nice); mais anéanti trop tard, puisque le mal existait (1). »

Est-ce cynisme, est-ce imbécillité ?..….

Il n’en est pas moins vrai que cette tactique impudente et grossière, suivie par tous les Girondins, finit par les décharger, aux yeux de la foule, de leur responsabilité à l'égard du cosmopolitisme armé.

D'ailleurs, on peut remarquer que leur doctrine, pour l'action extérieure de la République, comme pour la direction intérieure de la France, se confond avec celle des Hébertistes, qui n’ont fait que l’exagérer ; cela résulte sans doute de ce que l’un et l’autre parti appliquait exactement la métaphysique révolutionnaire, les principes, sans hésiter ni modifier, sans se soucier des Impossibilités pratiques ni les corriger jamais d’après l’empirisme élevé etles vues positives des Encyclopédistes, familières à quelques Montagnards età Danton surtout.

Mais c’est sous le Directoire, après la rentrée à jamais

(1) J.-P. Brissot, député du département d'Eure-el-Loire, à ses commettants, sur La situation de la Convention nationale, sur l’influence des anarchistes et les maux qu'elle a causés, sur la nécessité d'anéantir cetle influence pour sauver la République. — In-8, Paris, P. Provost, 1793.