Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 189

nent auquel Henri IV et l’abbé de Saint-Pierre, tous les philosophes du grand siècle, la Constituante et la Convention, avaient espéré de mettre fin. = Les dispositions développées en Europe, à notre égard, par cette monomanie guerrière de la démocratie française en faveur des peuples opprémés, ont été assez bien résumées par la question suivante, adressée, non sans malice, à un grand journal de Paris, en 1875, par une feuille militaire de Bruxelles :

« Depuis cinquante ans la duchesse de Berry, Chateaubriand, et, après lui, Montalembert, ont revendiqué la Belgique pour la légitimité, Talleyrand pour la branche cadette, Ledru-Rollin pour la République, Napoléon III pour l’Empire, et M. Thiers pour tous les Français sans distinction d'opinion. Nousle demandons : où sont, alors, en France, les amis et les défenseurs de la nationalité belge (1)? »

De nos jours, enfin, sous prétexte d'expansion civilisatrice, la fâcheuse influence de la guerre de propagande ne s’est-elle pas encore montrée dans la prétention de nos gouvernants à nous refaire un domaine colonial?

Avec la Convention s’éteignit donc bien réellement et définitivement, dans tout l'Occident européen, et même en France, l'esprit éclairé, pacifique, humanitaire et antimilitaire de la grande école du xvrne siècle. Seuls, quelques rares philosophes, mais des plus grands, et quelques groupes politiques trop peu influents pour compter dans le gouvernement des Etats, en ont maintenu la glorieuse tradition.

(1) V. La nouvelle politique de la France, par le Dr Robinet, 4 vol. in-18, Paris, 1875.

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