Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES

N° 1. LETTRE

de Français de Nantes à Danton.

Paris, 29 mai 1791. Monsieur,

La ville de Paris va donner un grand spectacle au monde et de grandes espérances à ceux qui s'occupent de la confédération et du bonheur des nations. Ce sera pour la première fois qu'on verra un peuple se réunir pour se réjouir du bonheur d’un autre peuple. Vous prévoyez que je veux parler du rassemblement des sections pour délibérer sur la révolution de Pologne, qui a été tout ce qu'elle pouvait être dans un pays où les lumières philosophiques ne sont pas généralement répandues.

Il serait digne de vous, monsieur, et des véritables amis des peuples, de demander que la cité de Paris fit une députation à la cité de Londres. J'ai déjà rempli cette mission au nom d'une grande société; mais la ville de Paris donnerait une autre importance et un grand caractère à cetle démarche unique dans les annales du monde.

M. Dagne, et M. Cristie, élève et ami du docteur Price, que j'ai connu à Londres, et qui sont à Paris, m'ont assuré que tous les Whigs, toutes les sociétés constitulionnelles et de révolution, en Angleterre, en adhérant aux principes de Charles Fox, sont amis de notre Conslitution, et que le nombre des souscripteurs pour la fête qui sera célébrée à Londres le 14 juillet est déjà si nombreux, que nulle taverne ne pourra les contenir. Le lord Stanhope doit présider cette fête. Combien la présence des députés de la ville de Paris la rendrait plus imposante! J'ai l'honneur de vous adresser le rapport que j'ai fait de la députation dont j'ai été chargé en Angleterre dans le même but. Comme vous jouissez d'une grande influence dans les sections, j'ai cru devoir m'adresser à vous, et ne m'adresser qu’à vous.

FRANÇAIS,

Député extraordinaire de Nantes, hôtel de Bretagne, rue Croix-des-Petits-Champs.