Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
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qu'il faut penser de tout cet échafaudage politique sur lequel la turbulence et la nullité des cabinets de l’Europe se sont débattues si longtemps, el avec tant d'appareil, aux dépens des intérèls des peuples. On a appris, enfin, que la véritable primalie, la seule utile et raisonnable, la seule qui convienne à des hommes libres et éclairés, est d'être maitre chez soi et de n’avoir jamais la ridicule et funéste prétention de l'être chez les autres. On a appris, et un peu tard sans doute, que, pour les Etats comme pour les individus, la richesse réelle consiste non à acquérir ou envahir les domaines d'autrui, mais à bien faire valoir les siens; on a appris que tous ces agrandissements de territoire, toutes ces usurpations de la force ou de l'adresse, auxquelles de longs et illustres préjugés avaient attaché l'idée de rang, de primalie, de consistance politique, de supériorité dans l’ordre des puissances, ne sont que des jeux cruels de la déraison politique, que de faux calculs de pouvoir, dont l'effet réel est d'augmenter les frais et l'embarras de. l'administration, et de diminuer le bonheur et la sûreté des gouvernés pour l'intérêt passager ou la vanité de ceux qui gouvernent.
« Le règne de l'illusion est donc fini pour la France; on ne séduira plus son âge mûr par toutes ces grandes décorations politiques qui avaient, pendant si longtemps el d’une manière si déplorable, égaré et prolongé son enfance. Des circonstances, que nulle sagacité humaine ne pouvait prévoir, ont amené pour elle un ordre de choses sans exemple dans l’histoire des peuples; par son courage, sa persévérance et ses lumières, elle s'est ouvert une carrière nouvelle, et, après avoir vu le but où elle doit tendre, elle saura s’y placer.
« Tous les leviers de l’ancienne politique sont rompus ou près de l'être, et ceux qui existent encore ne sont plus à l'usage de la France. Le nouveau système de ses rapports extérieurs doit ètre approprié au système de ses rapports intérieurs et entièrement analogue aux idées et aux intérèts qui sont le résultat de sa situation nouvelle.
« De toutes les parties de l’ancien système, celle qui est le plus en contradiction avec nos lois, nos opinions et nos mœurs nouvelles, celle, par conséquent, dont les traces doivent s’effacer chaque jour davantage, c’est la matière des a/liances.
« Un traité d'alliance est la promesse d’un secours mutuel, dans le cas où l'une des puissances contractantes éprouverait une agression ou voudrait en faire éprouver une.
« De cette définition, il résulte qu'il ne doit ÿ avoir rien de commun entre des alliances formées par des gouvernements arbitraires et des alliances contractées par des Élals libres.