Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
PIÈCES JUSTIFICATIVES. 249
des ennemis naturels », concluant de là, à leur manière, que nous devions regarder et traiter comme nos ennemis naturels la nation anglaise, qui aimait et pouvait défendre notre liberté naissante, et que nous devions chérir comme nos anis naturels les princes des maisons d'Autriche el de Bourbon qui s’armaient pour la détruire. « On n'a point oublié toutes les plates et folles calomnies répandues alors sur ce sujet et dans le public et jusque dans la tribune de l'Assemblée législative (1), calomnies auxquelles le gouvernement attachait un si haut degré d'utilité personnelle que la liste civile les faisait imprimer et distribuer par milliers dans tout le royaume. On se rappelle le désespoir qu'inspira la déclaration de neutralité du gouvernement anglais à ces comités directeurs et à leurs agents qui voyaient, dans cette neutralité, une chance de moins en faveur des projets d'arbitrage suprême de la maison d ’Autriche. On se rappelle enfin que si quelque chose à contribué à éloigner alors l'Angleterrede tout projet d'union a vec la France, c’estl’espèce de démenti que donnaient chaque jour aux propositions des négociateurs français à Londres les articles de gazette française qu'on savait être aux ordres des ministres français et où les Anglais cherchaient la vraie opinion du gouvernement français dont les négociateurs n'avaient l'air de leur offrir que l'opinion apparente et forcée.
« Les événements ont tout changé, la royauté est détruite en France, et avec elle se sont évanouis tous les intérêts de familles royales opposés à l'intérêt public; l'alliance de l'Angleterre, si nécessaire à la France, sous le dernier régime, comme un contrepoids nécessaire aux influences domestiques et étrangères de son gouvernement, cette alliance serait dans les circonstances actuelles sans une grande utilité et ne vaudrait peut-être ni les frais, niles embarras d’une négociation chargée de lutter contre les obstacles que, par des motifs très faciles à saisir, le gouvernement anglais ne cessera d’opposer à tout projel d'alliance de la République française avec les royaumes de la Grande-Bretagne et d'Irlande, quelque populaire que cette alliance püt être d’ailleurs aux yeux de la nation anglaise.
« Les seuls rapports que la France puisse donc chercher en ce moment à entretenir et étendre avec l'Angleterre sont des rapports d'industrie et de commerce.
« Parmi les conventions de ce genre qui doivent avoir lieu entre les deux empires, il en est une que le sentiment de la
(1) L'opinion de M. Ribes, dans laquelle il me dénonce comme agent principal du nouveau système politique.