Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
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liberté, l'esprit public et les lumières actuelles de la France sur les vrais principes de la richesse publique, ou peut-être le bonheur qu’elle a d'être exempte en ce moment de tous les anciens préjugés de commerce et de trafic, peuvent lui offrir l'honneur de proposer la première : cette convention entre la France et l'Angleterre doit avoir pour objet l'indépendance de leurs colonies respectives. C’est de la France, où l'opinion est moins égarée qu'en Angleterre par l'appareil d'un grand mouvement de commerce et d'industrie, par la crainte chimérique d’un déplacement subit d'hommes et de travaux, et par beaucoup d'autres petites vues de la routine mercantile, c’est de la France que doit partir le premier appel à la nation anglaise sur cette grande mesure politique que réclament les vrais intérêts du commerce, et qu'il faut se hâter d'opérer pour l'utilité commune avant d’être obligé, par les circonstances, de s’y soumettre avec honte et péril. Une négociation sur cet objet entre les deux Etats, ouverte sous les yeux de l’Europe entière, d’une manière franche et libérale, suivie avec zèle et lumières, doit nécessairement avoir un résultat favorable pour l'intérêt des deux mondes. Les préjugés commerciaux de l'Angleterre opposeront d'abord, sans doute, des obstacles assez grands au succès de cette mesure; mais il est impossible que ces préjugés puissent résister à l’action continue d’une discussion libre et générale, et surtout à une forme de raisonnement aussi puissante pour le vulgaire que l'exemple du commerce de l'Angleterre avec les États-Unis d’ Amérique, commerce qui, depuis leur indépendance, n’a fait qu'acquérir plus de force et d’étendue.
« En même temps que cette négociation sera suivie entre les deux empires, un autre objet de la plus grande importance non seulement pour la France et pour l'Angleterre, mais pour l'intérêt des deux mondes, doit fixer leur attention et réunir leurs efforts communs : cet objet est l'indépendance des colonies espagnoles dans le Pérou, le Mexique, etc., indépendance qui, étant pour ces parties du monde la revendication de leurs propres droits et le retour aux principes de justice et de liberté naturelle, ne peut pas être regardée comme une violation du droit ou plutôt de l’usurpation du gouvernement espagnol dans le cas où sa conduite hostile à l'égard de la France (particulièrement lors des troubles de Saint-Domingue) n'autoriserait pas celle-ci à l'en punir. Les vaisseaux de la France et de l'Angleterre réunis iront ouvrir dans la mer Pacifique, dans la mer du Sud et dans l'Océan méridional le commerce libre de cette immense partie des Indes occidentales. Les moyens d'opérer cette grande révolution commerciale, qui doit avoir une si puissante influence sur le sort de l’Europe et de l'Amérique, el sur celui de la France en particulier,