Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 251

sions, a été le signal de la concorde et l'époque de la réunion générale des opinions et des volontés.

- « Telle a été depuis le commencement de la Révolulion la conduite des Français ef du roi. La République ne prétend point par. cet exposé insulter à ce ci-devant chef de l’État dont elle plaint les malheurs, en condamnant ses fautes qui furent peut-être les crimes de la royauté plutôt que les siens; elle prétend encore moins faire l'apologie du peuple, il n’en a pas besoin. Seul arbitre de sa Constitution et de ses lois, en changeant la forme de son gouvernement il a usé du droit commun à toutes les nations. Il ne doit compte à personne de sa souveraineté dans l'intérieur de l'empire; mais en rappelant des faits dont la vérité est reconnue de l'Europe entière, elle a voulu prévenir les impulsions de la Calomnie et rendre justice, aux yeux de l'univers, à la conduite d'un peuple magnanime dont la plus grande gloire des cheîs de l'État sera toujours d’être les représentants ; elle a voulu que l’on fût bien convaincu qu’en abandonnant la lettre de la Constitution avec laquelle la perte de la France était infaillible, elle en a religieusement suivi l'esprit, qui était de maintenir l'indépendance nationale et la liberté individuelle, et qu'en renversant le trône pour sauver la nation, elle a rempli un grand devoir et exercé un grand acte de justice.

« La cause de Louis-Auguste de Bourbon n'est pas la cause des rois qui ne veulent régner que par les lois, mais bien de ceux qui veulent usurper la souveraineté nationale, se faire un domaine de leur royaume, et des sujets de leurs citoyens. C'est la cause des despotes et des tyrans. La cause du peuple français est la cause de tous les peuples, c’est celle de la liberté du monde, c’est la Cause du genre humain.

« La République française en notifiant à toutes les puissances la destitution du ci-devant roi et celle de tous les agents dont les pouvoirs émanaient de l’autorité royale, s’empresse de déclarer à toutes les nations qu’elle persiste dans les sentiments de bienveillance universelle et de paix qu’elle a déjà manifestés à l'Europe sous la monarchie constitutionnelle. Elle déclare de plus qu’elle ne prétend s'immiscer dans le gouvernement intérieur d'aucun peuple. Résolue de respecter les droits de tous, elle a droit d'attendre que tous respecteront aussi les siens. Elle offre paix, alliance, amitié à tous les amis de la justice et de la liberté. Mais elle déclare une guerre éternelle aux tyrans qui oseraient entreprendre sur la sienne, et jure de s'ensevelir sous les ruines de la patrie plutôt que de souffrir qu'il y soit porté atteinte. »