Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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une sorte de narration, hâtivement rédigée, de la situation actuelle de nos affaires. J'ajoutais que j'étais prêt à donner des explications particulières au comité de Salut public, mais qu'il était d’absolue nécessité que je fusse de retour à la mi-septembre. Je fus invité, il y a huit jours, à me trouver au ministère des Affaires étrangères avec les citoyens Hérault et Barère; quant à la date et à l’heure, elles devaient m'être fixées par un avis. Mais, depuis lors, je suis resté dans une attente continuelle, sans en recevoir aucun,

Hier matin je me suis adressé au citoyen Otto, auquel j'ai fait ma communication, mais il n'avait aucune sorte de réponse à me donner.

Outre la grande crainte que j'ai de perdre, par ce retard, l’occasion d'accomplir ce que je me propose, une loi sur les étrangers a été votée par la Convention, punissant de mort quiconque se sert du nom d’un pays auquel il n'appartient point. Je suis dans cette fausse situalion; mais comme vous connaissez mes raisons, Vous, le comité et le ministre des Affaires étrangères, je dois pouvoir compter sur votre parole et votre honneur à tous pour me donner la marche à suivre : si je fais ma déclaration à la section où mon passeport est enregistré, je serai arrêté; si je ne la fais point, je violerai la loi et je crois que le dernier délai accordé expire aujourd'hui. Pendant deux jours, et à diverses reprises, j'ai écrit, à ce propos aussi, au citoyen Ottoet envoyé chercher la réponse, mais il ne peut m’en donner aucune. Et hier matin étant allé moi-même le voir sans succès, et apprenant que le citoyen Hérault parle anglais, je passai chez lui, il était allé au comité; je lui adressai une lettre sur ces faits, et après avoir attendu près de quatre heures, j'eus le malheur de le manquer. Je restai au comité de neuf heures à onze heures hier soir, mais il n'y vint pas. J'arrive de chez lui, il n'y a pas couché; de sorte que je dois penser qu'il à quitté Paris. Comme cette loi, aussi juste que nécessaire, peut m'être redoutable, j'espère pouvoir, avec confiance, me mettre sous la protection de la nation. J'ai rendu à la République d'importants services ; plus, peut-être, que ne le suppose le comité luimême ; mais, s’il en a eu connaissance, les événements qui arrivent sans cesse peuvent prouver qu’au milieu de toutes les trahisons et de toutes les coalitions dont vous avez été entourés, je me suis hardiment mis en avant comme un ferme ami du pays, et (si on y avait prêté l'attention nécessaire), je vous ai effectivement fourni : 40 les moyens d'éviter la guerre; 2° les moyens de faire échouer, — en vous en donnant avis plusieurs mois à l'avance, — chacun des événements qui sont survenus depuis l'affaire de la Montagne