Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

268 DANTON ÉMIGRÉ.

Nullement,

Le comité a tenu, ici et partout, haut et ferme le drapeau de la France : il a considéré et traité comme un suspect cet étranger qui trahissait son pays pour se faire dans le nôtre une siltuation d'argent ; il a repoussé ses propositions en totalité et avec indignalion; il l’a mis en arrestation et au secret!

Encore une fois, où est la faute ? où le manquement? il n'y en à pas. ;

Et cependant nous ne voyons que là, ce qui ait pu servir d’aliment ou de prétexte à la calomnie et aux soupcons élevés contre Danton.

Ne trouvant ici ni trahison, ni défaillance, nous attendons qu'on nous les prouve ailleurs. Mais nous doutons qu'on y parvienne. Car, si déjà la réponse administrative aux efforts de Matthews est de nature à satisfaire les plus difficiles, il faut se rappeler aussi qu'il existe dans l'histoire, en dehors des cartons des archives les plus riches, qui cependant n'accusent personne, des faits éclatants et de nature à fixer tous les esprits.

Nous voulons parler encore une fois des grands événements militaires de l’an Il, auxquels eut une part assurément glorieuse et effective, que bien peu oséraient aujourd’hui lui contester, le chef de la défense nationale en 1792 et 1793, le promoteur de la grande réquisition, celui qui disait à l’Assemblée, le 44 août, au temps même où les cosmopolites commençaient à le déchirer : ;

« Il faut qu'au nom de la Convention nationale, qui a la foudre populaire entre ses mains, il faut que les envoyés des assemblées primaires, là où l'enthousiasme ne produira pas ce qu'on à droit d'en attendre, fassent des réquisitions à la première classe. En réunissant la chaleur de l’apostolat de la liberté à la rigueur de la loi, nous obtiendrons pour résultat une grande masse de forces. Je demande que la Convention donne des pouvoirs plus positifs et plus étendus aux commissaires des assemblées primaires, et qu'ils puissent faire marcher la première classe en réquisition. Je demande qu'il soit nommé des commissaires pris dans le sein de la Convention pour se concerter avec les délégués des assemblées primaires afin d'armer cette force nationale, de pourvoir à sa subsistance et de la diriger vers un même but. Les tyrans, en apprenant ce mouvement sublime, seront saisis d'effroi, et la terreur que répandra la marche de cetle grande masse nous en fera justice. »

Voilà comment Danton désespérait de la France, comment il avait peur des coalisés.