Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 275

et que nous sommes fiers de porter, celui de citoyeus de l'Univers, de protecteurs de la grande famille de la race humaine, dont les vues généreuses et bienfaisantes ne tendent qu’à briser les fers de l'esclavage et à donner à l’homme la vie, la santé et la force politiques dans toutes les parties du monde.

Nous avons appris, avec le plus grand plaisir et la plus haute admiration, la magnanimité de vos résolutions en déclarant à l'Europe, au moment qu'elle vous insultait, que vous renonciez à toute conquête, et que, sans égard au climat, à la situalion ou à la couleur, vous vouliez rendre à l'homme ses droits trop longtemps méconnus, et les privilèges impérissables de la nature, que le sublime auteur de tous biens lui avaient accordés, mais dont l'avaient privé trop longtemps la tyrannie féodale et un barbare despotisme.

Ces sentiments magnanimes que vous avez montrés nous iransportent d'admiration comme hommes et comme Anglais dévoués à la grande cause de la liberté générale, liberté que la politique étroite et tortueuse des rois, ainsi que l'orgucil et la perversité de leurs détestables agents, ont toujours empêchée, en excitant et fomentant sans cesse de funestes divisions.

Aussi, Représentants de la République française, aussi frères et amis, — permeltez-nous de vous appeler de ces noms civiques, ce n’est pas assez pour nous de rester spectateurs indifférents et oïisifs de vos efficaces et glorieux efforts; mais, bravant les menaces de la tyrannie, nous avons combattu les préjugés avec une ardeur infatigable, et nous voyons, avec une joie aussi vive que pure, le soleil de la liberté, par le moyen de vos armes triomphantes, dissiper les nuages et les ténèbres du fanatisme, de l'orgueil insolent et de la folie, et chasser devant lui, avec une rapidité miraculeuse, cette horde de barbares qui étaient venus pour l’obscurcir et l’éteindre.

À l'instant où nous étions réunis pour vous transmettre cette félicitation cordiale et sincère sur l’heureuse tournure qu'ont prise les affaires en France, nous avons reçu l’agréable nouvelle du succès de votre invincible armée sous les ordres du citoyen général Dumouriez, près de Mons.

L'expression nous manque pour vous peindre la joie et l’admiration que nous avons éprouvées. Tout bon Français peut en juger par celle que, sans doute, il a ressenti à cette occasion.

Puisse le sang des braves citoyens qui y ont péri en faisant voir aux despoles cette énergie et cette magnanimité que la liberté seule peut donner; puisse ce sang généreux produire une abondante moisson de paix et de liberté dans le monde, et la raison prévenir la nécessité d'une conquête militaire! puisse l'immorta-