Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

DANTON EN ANGLETERRE. 23

avait acquise en France, et même à l'étranger, dès 1789, et, spécialement, la notoriété dont il jouissait en Angleterre :

« Vous me demandez, milord, d'éclairer votre opinion sur le fameux district des Cordeliers, dont vous entendez depuis quelque temps, dites-vous, parler si diversement.…

« Ce district, dont les productions nombreuses chargent trop souvent nos murs d'arrètés de tout genre dans lesquels il à toujours soin de faire son éloge; qui, vrai Dom Guichotte (sie), s'est érigé en redresseur de forts et en réparateur d'injures; Qui se fait demander sa protection pour faire croire qu'il peut en accorder; qui se permet de donner des leçons et croit pouvoir faire la loi à Paris, n’est réellement composé que de TROIS PERSONNES qui d’abord ont gagné, par de petits moyens, environ 50 particuliers trop peu éclairés pour être méfiants, et qui, maîtres d'eux, ont bientôt su éloigner par des mauvais procédés et par des injures les citoyens honnètes et instruits qui formaient ses assemblées.

« L'un de ces personnages est le vigoureux Danton, ce président presque perpétuel dont le patriolisme est aussi peu équivoque que sa décence et sa modestie.

« L'autre est un M. Paré, avocat, raisonneur faux, entêlé, qui a vu la Révolution en désespéré, et qui, dans l'espoir de devenir quelque chose, s'est rangé du parti de Danton.

« Le troisième est un M. Fabre d’Eglantine, jeune auteur ardent, vain, ambitieux, mais qui n'ayant rien, pas même de domicile personnel, espère parvenir en secondant les vues du président. 1 - C'est entre ces trois sujets que les places du bureau circuent... «“ Ces messieurs ont d'ailleurs cinq ou six croupiers où compères... :

« Voilà, milord, ce que c'est que ce district des Cordeliers, qui, voyant arriver l'instant où le général et le maire de Paris, si dignes de la confiance et de la reconnaissance publiques, vont en recevoir de nouvelles preuves par la confirmation d’un choix que les événements et leur conduite ont si bien justifié (1), oubliantet leur infatigable zèle, et leurs sacrifices, el les risques qu'ils ont courus, se permet d'attaquer la haule réputation de l’un, le mérite et la probité de l’autre, et voudrait. pouvoir flétrir la gloire de tous deux. »

(1) Cette phrase fixe la date de la publication de la Lettre à un Anglais, Bailly ayant été réélu maire de Paris le 2 août 1790.