Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LES JACOBINS ANGLAIS. 31

De son côté, William Pitt avait dit : « La France doit être détachée du monde commercial et considérée comme si elle n’avait qu'une seule ville, qu’un seul port, et que cette place fut bloquée par terre et par mer. »

Et ailleurs :

« On a dit que c'était une guerre d'extermination que nous allions entreprendre (contre la France)... Oui, telle est la querre qui va se faire. »

Avant son maitre, Burke s'était écrié :

« Si jamais puissance met le pied en France, elle doit y pénétrer comme dans un pays d’assassins ; on n'y aura égard à aucun des procédés que les nations policées ont entre elles en se faisant la guerre; la France n’a pas droit de s’y attendre; toute la guerre sera réduite à une exécution militaire. »

Jamais rien, dans les grands et immortels exemples, dans les immenses résultats de la Révolution française, ne put éclairer cette nature enragée, ni l'empêcher de hurler et de mordre.

De plus, le gallophobe considérait notre nation comme politiquement et militairement finie! — on n’est pas meilleur devin; — et il escomptait cyniquement, durement, la fatalité de son agonie.

Enfin, sa préoccupation essentielle était de bien établir qu'aucune ressemblance n'existait et ne pouvait exister entre la révolution d'Angleterre et celle de France.

Il y en a une, cependant, à notre sens, c'est que les Anglais, en 1645, comme les Français en 1792, mirent la république à la place de la monarchie et qu’ensuite ils frappèrent de mort, après jugement, les uns Charles [er, les autres Louis X VI.

À cela près, l'intraitable ministériel pouvaitavoirraison.

Mais Burke, comme Pitt et tous leurs partisans anglais, auraient fait sagement, il nous semble, de se souvenir de la décapitation de leur Stuart, avant de déclarer celle de notre Bourbon : « Un événement effrayant pour l'Humanité, contraire à la justice, éternellement honteux pour la France et détestable pour le reste du monde! »

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