Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

56 DANTON ÉMIGRÉ.

« Adresse des amis du peuple de la ville de Newington à la Convention nationale,

« Londres, le 31 octobre 1792,

« Français et concitoyens du monde,

« Réunis à l’effet d'oblenir une représentation juste et égale du peuple, et une réforme entière des abus nombreux qui se sont glissés dans le gouvernement de ce pays, nous voyons avec autant de peine que d'inquiétude les efforts ouverts ou cachés qu'on ne cesse de faire pour troubler la paix et renverser la liberté nouvelle de la nation française.

« Nous vous félicitons cependant bien cordialement de la défaite et de l'expulsion totale des armées combinées de ces despotes insensés, de ces rebelles impies, qui sont venus porter la désolation dans vos campagnes, le ravase dans vos villes, et massacrer impitoyablement leurs innocents habitants. La bonté de votre cause devait être couronnée de succès ; votre sagesse, votre bravoure l'ont assuré; vos sages décrets ont déjà éclairé l'Europe, et pareils aux rayons du soleil, ils éclaireront bientôt les quatre parlies du monde.

« Les deux grands remparts de la liberté humaine sont les corps législatif et judiciaire; en organisant le second, vous vous êtes assuré les avantages du premier. Vous avez, depuis, donné une preuve de votre sagesse consommée en tenant les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif entièrement distincts, et en déclarant que les deux derniers seraient respectivement responsables au grand conseil de la nation. C’est désormais en France que la justice sera administrée à peu de frais, que le commerce, SOUS vos lois salutaires, sera utilement protégé, et que les propriétés de l’industrie seront partout assurées.

« Sénateurs illustres, législateurs éclairés, chers amis, nous pouvons vous informer aujourd’hui, et avec une satisfaction bien vraie, que l'inimitié impie si longtemps et si méchamment entretenue dans le cœur d’un peuple généreux envers Ja nation franGaise, par les manœuvres el l'intrigue d’une cour perlide, n'existe plus que dans l'âme des pervers qui profitent des abus, et que nous saluons d'avance avec transport l'heureux moment qui unira les deux nations d’un lien indissoluble, comme le précurseur de la paix et de la concorde universelle.

« C'est avec la plus vive et la plus profonde sensibilité que nous Contemplons le succès de vos armes, dans votre entreprise glorieuse d’arracher à l'esclavage et au despotisme les braves