Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

88 DANTON ÉMIGRÉ.

réellement attaquée par la France, et à condition que le gouvernement épuiserait tous les moyens d'arriver encore à une paix honorable entre les deux pays. Cette proposition fut rejetée.

Il en fut de même dans la Chambre haute, où des amendements analogues des lords Stanhope et Lauderdale, soutenus avec une égale insistance, furent pareillement repoussés.

Fox, appuyé par lord Grey, revint à la charge le 18 février : il soutint une série de propositions tendant à établir que la guerre avec la France, d'après les motifs artieulés par le chef du cabinet, William Pitt, n’était ni honorable, ni avantageuse pour l'Angleterre, et que les ministres n'avaient fait aucun effort réel pour arriver à un arrangement amiable des différents surgis entre les deux nations; enfin, que c'était leur plus strict devoir de pousser Sa Majesté britannique à ne point accéder à la coalition contre la France, et à conclure la paix séparément. Ces propositions furent repoussées à une grande majorité : 170 voix contre 44.

Le 4 mars, Sheridan mit toute son éloquence à faire accepter la nomination d’une commission d'enquête pour examiner ce qu'il y avait de réel dans les bruits relatifs à des tentatives de sédition en Angleterre, en faveur de la Révolution. Il nia qu'aucun acte insurrectionnel se fût produit et que des alarmes à cet égard eussent aucun fondement.

Ilattaqua vivement l'attitude provocatrice des agents du gouvernement, qui avaient été jusqu’à exercer des poursuites contre des citoyens anglais, pour avoir acheté l'ouvrage de Thomas Paine (1). Il insinua que l’on faisait tout ce bruit pour détourner l'attention publique de la question capitale de la réforme parlementaire. Fox se joignit à lui pour donner plus de poids encore à son argumentation; mais, après une réplique de Burke, la motion de Sheridan fut définitivement écartée.

Un emprunt considérable, proposé par Pitt pour main-

(1) Les Droits de l'Homme.