Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 89

tenir en Hollande un corps de troupes hanovriennes, fut même voté par la Chambre, les 6 et 11 mars suivants. Le 15, demande du gouvernement à la Chambre des communes, pour interdire et considérer comme crime de haute trahison de correspondre avec la France et de lui fournir des armes, munitions de guerre, approvisionnements, habits militaires, argent sous toules les formes ; débat acharné entre Fox et Burke. A la troisième lecture, le bill est voté par 54 voix de majorité contre 53. Même lutte et même résultat à la Chambre des lords.

C’est à cette occasion que Lauderdale déposa, vers la fin de 1793, une pétition revêtue de plus de 50,000 sëgnatures, réclamant la paix avec la France.

Une nouvelle session du Parlement anglais s'ouvrit le 21 janvier 1794. La lutte au sujet de la guerre recommenca aussitôt par la discussion de l’adresse, en réponse

au discours du trône, dans lequel le roi avait violem-

ment attaqué la République et la Convention nationale, qu'il représentait comme violant ouvertement toutes les règles de la justice, de l'humanité et de la religion. D'ailleurs, disait-il encore, les efforts extraordinaires que la France venait de s'imposer, sous la pression des énergumènes qui y avaient usurpé le pouvoir, n’allaient-ils pas l’épuiser rapidement? — Et tous les ministériels d’applaudir ! tandis que les Whigs voyaient précisément, dans une interprétation absolument contraire des événements, une raison de supplier Sa Majesté de saisir la première occasion pour conclure avec notre pays une paix honorable. Cette proposition fut rejetée à une majorité énorme. Le ministre ct ses partisans affirmaient qu'il était impossible de se fier à la République, qui ne voulait entendre à aucun arrangement ; l’opposition répondait que c'était préjuger la question, que l'action de l'Angleterre contre la France n’était pas fondée, et qu'elle n’avait même pas de but avouable.

Cette résistance inébranlable, soutenue dans les deux Chambres par une minorité éminente et résolue, contre une majorité intraitable et augmentant en nombre de