Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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temps proverbiale sur le plus célèbre théâtre de notre gloire militaire; comment supposer que le génie de netre nation, que les qualités du soldat francais puissent s’altérer ou s'évanouir par la seule raison que des fortifications nouvelles et formidables leur seraient données pour auxiliaires? Qui pourrait autoriser à le penser? Nous sommesnous done montrés inférieurs dans l’art-de défendre les places? Non certes. Les titres de l'armée française à l’estime du monde ne sont pas écrits seulement sur les champs de bataille, ils sont aussi consignés dans les annales des siéges les plus mémorables. Sans remonter plus haut que nos dernières guerres, nous citerons la défense de Burgos, celle de Saint-Sébastien et celle de Berg-op-zoom.

Burgos, où l’intrépide général Dubreton, notre illustre collègue, avec 1,800 combattants, derrière des ouvrages à peine ébauchés et ouverts par cinq brèches consécutives , résista pendant trente-cinq jours aux efforts de deux divisions anglaises commandées par lord Wellington en personne, repoussa cinq assauts, exécuta cinq sorties heureuses, et, par le sacrifice de 600 braves morts en combattant, et devenus à l'exemple de leur chef, autant de héros, fit éprouver à l’ennemi une perte de plus de 2,000 hommes, Jui ravit le fruit de la victoire des Arapiles, et donna le temps à nos armées de se concentrer pour délivrer Burgos et pour reprendre l'offensive sur le Tage.

Saint-Sébastien, où l’héroïque général Rey , avec une garnison de 3,000 combattants, soutint neuf assauts, dont six au corps de place, résista pendant soixante-quinze jours, dont trente-six de tranchée ouverte et trente-neuf de brèche, à un corps combiné ( anglais, portugais, espa. gnols ) pourvu d'immenses ressources, auquel il fit éprouver une perte de plus de 6,000 hommes, et ne capitula que